Jugé pour viols, l’ancien secrétaire d’Etat Georges Tron dénonce un « complot »
La Nouvelle République – publié le 12 décembre 2017
L’ancien secrétaire d’Etat Georges Tron a dénoncé mardi un « complot » et assuré que sa passion pour la réflexologie plantaire a été utilisée pour lui « nuire », au premier jour de son procès pour viols en réunion devant les assises de Seine-Saint-Denis.
L’élu LR, qui dirige toujours la mairie de Draveil (Essonne), est accusé par deux anciennes employées municipales de viols et agressions sexuelles avec la participation de son ancienne adjointe à la Culture Brigitte Gruel. Tous deux clament leur innocence.
Le scandale avait éclaté en mai 2011 dans le sillage de l’arrestation à New York de l’ancien directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn, mettant soudain en lumière sa passion pour la réflexologie plantaire.
Les plaignantes ont affirmé que cette pratique était le prélude à des attouchements et des pénétrations digitales qu’elles disent avoir subis entre 2007 et 2010. Virginie E. et Eva L. ont expliqué avoir été tétanisées face à leur employeur, de vingt ans leur aîné.
Au cours de l’interrogatoire sur sa personnalité, l’élu de 60 ans – qui se dit également passionné de montagne, d’arts martiaux et collectionneur de stylos – a affirmé que la réflexologie était pour lui une activité assumée dans la mesure où il était membre fondateur de l’Association pour l’alternative en médecine (APAM).
« Je ne pensais pas une seconde que ça pouvait poser problème », a-t-il ajouté, costume noir et cravate grenat, voix claire et posée, concédant une « forme d’imprudence ». « La réflexologie est devenue un outil pour me nuire », a-t-il soutenu.
L’élu a évoqué à plusieurs reprises le rôle de deux opposants, les frères Jacques et Philippe Olivier, qu’il accuse d’être derrière le « complot » qui l’a mené devant la justice. Philippe Olivier est l’époux de Marie-Caroline Le Pen, soeur de la présidente du Front national Marine Le Pen.
‘Soutien’ de son équipe
Georges Tron avait démissionné de ses fonctions de secrétaire d’Etat à la Fonction publique (2010-2011) dans la foulée du scandale, mais pas de sa mairie de l’Essonne: « Je n’allais pas faire un tel cadeau à ces opposants ».
Il a évoqué également le « soutien » de son équipe municipale. « Ma famille, mes amis, mes adjoints et mes administrés ont été en bloc avec et derrière moi », a-t-il déclaré.
A son avocat Eric Dupond-Moretti qui lui demandait s’il avait été infidèle en 35 ans de mariage, Georges Tron a répondu: « Une fois, je n’ai aucune fierté à l’avouer ici. »
Le nom de la femme en question sera prononcé plus tard par l’enquêtrice de personnalité: Sylvie Doncarli, son adjointe chargée de l’urbanisme.
Le procès se tient à Bobigny, à l’écart de l’Essonne où Georges Tron est élu de longue date. Il est maire de Draveil (30.000 habitants) depuis 1995, conseiller départemental et ancien député (1993-2010, 2011-2012).
La personnalité de son ancienne adjointe Brigitte Gruel a également été abordée. Au sujet des sobriquets de « Pompadour » ou « Gruella » dont elle était affublée, elle a répliqué: « 90% des personnes avec qui je travaillais m’apprécient », à la différence des autres qui « travaillaient un peu moins, un peu moins bien (…) et je n’hésitais pas à le dire. »
Interrogée sur ses relations avec Georges Tron, elle a dit: « Je n’ai jamais été la maîtresse de M. Tron. (…) Il était charismatique mais ce n’était pas mon dieu ni mon modèle. »
Vêtue de noir, hormis un foulard bleu nuit, l’épouse de Georges Tron a ensuite été appelée à la barre. « Je pense que mon mari est complètement innocent, j’attends qu’il puisse laver son honneur et qu’on retrouve une sérénité au sein de notre famille. »
« On vit un très mauvais rêve, j’espère que ce mauvais rêve va se terminer dans 10 jours », a lancé l’époux de Brigitte Gruel, finissant en pleurs.
Des dizaines de personnes sont appelées à témoigner au cours de ce procès qui doit durer jusqu’au 22 décembre.